1 Juillet 2012
En tant que professionnelle de la psyché, il m'est souvent demandé de proposer quelques éclaircissements au sujet de certaines problématiques psychologiques que nous rencontrons dans notre société actuelle.
J'ai choisi aujourdhui de mettre la lumière sur un point qui me touche tout particulièrement, à la fois en tant que Praticienne en Psychothérapies, mais aussi en tant que Femme et en tant que Mère.
L'aliénation parentale consiste dans le fait qu'un parent tente de dresser un enfant contre l'autre parent, à partir de fausses allégations et de mensonges, souvent en lien avec la trahison, l'adultère, l'abandon...
Nous pouvons remarquer certains points particuliers et récurrents dans le comportement du "parent-manipulateur" qui pratique l'aliénation parentale.
En premier lieu, il existe une tendance à voiloir tout contrôler, tant au niveau de la famille que dans les relations de celle-ci avec le milieu relationnel, l'image donnée à l'extérieur se doit d'être parfaite.
Lorsque le "parent-manipulateur" commence la décompensation psychique, souvent due à un stress de longue date, il va s'attacher à détruire l'image de l'autre parent, pour le dévaloriser aux yeux de l'enfant, ce qui, pour un temps, apaisera son angoisse d'abandon.
Malheureusement cet état de crise existentielle ne s'arrête jamais à ce stade, l'augmentation de la pression psychologique qu'il ressent intérieurement, va donc le pousser, inconsciemment, à augmenter la pression extérieure, comme pour exorciser son mal être, et c'est ainsi qu'il va chercher à saper les relations de l'enfant avec l'autre parent, en opposant une obstruction systématique à ces relations, par peur de perdre l'omnipotence de son pouvoir sur l'enfant, sa susceptibilité exacerbée va le faire réagir trop souvent avec excès et colère, amenant ainsi, au sein de son foyer, la peur, la culpabilité et parfois même, lors de crises de violence plus importantes, frôlant la folie, l'angoisse, à la fois chez l'enfant et chez l'autre parent acculé à se taire pour ne pas envenimer la situation et éviter qu'elle ne dégénère en carnage.
Ce comportement psychotique fait partie intégrante du plan destructeur de ce "parent-manipulateur", il transforme toutes les situations à son avantage pour persuader l'enfant du bien fondé de ses allégations, il va ainsi se servir de l'attitude de l'autre parent, qualifiée de servile ou de fausse, pour le dénigrer et déformer les faits et gestes de celui-ci.
Viennent ensuite les menaces de se suicider si l'enfant choisit de reprendre la communication avec son autre parent ou de tuer toute la famille au grand complet si le parent tente de reprendre contact avec eux.
Trè souvent le "parent-manipulateur" s'en prend au mode de vie de l'autre parent, pour salir sa réputation ou l 'accuser à tort de méfaits perpétrés par lui même (exemples: infidélité, vol, mensonge, trahison, manipulation psychique...)
En agissant de cette façon, il compte, d'une part, faire des émules dans son entourage proche en les persuadant de la veulerie de l'autre parent, et d'autre part, de convaincre l'enfant que lui seul peut lui apporter la sécurité et l'amour dont il a besoin.
°Accuser l'autre parent lui permet de se déculpabiliser, d'éviter de remettre en question son mode de fonctionnement et d'occulter la nécessité de mettre en place une aide thérapeutique et d'une prise en charge médicale.
°Nier l'autre parent lui donne l'impression de pouvoir exister lui même et calme, pour un temps seulement, son angoisse libidinale.
L'aliénation parentale c'est la disqualification permanente de l'autre parent.
Les allégations malveillantes, de types violences physiques ou sexuelles, de harcèlements, de menaces et de tentatives d'enlèvements, peuvent commencer très tôt, dès les premières années de l'enfant, avant un réel passage à l'acte, qui se solde souvent par le kidnapping de l'enfant et le départ vers un pays étranger où les lois françoises n'ont aucune valeur juridique.
Dans l'aliénation parentale, le processus est toujours le même:
Le parent-manipulateur pousse insidieusement l'enfant à penser autrement, à penser contre l'autre parent.
Le parent-manipulateur met en place une stratégie perverse pour que l'autre parent soit discrédité, humilié, sali, rejeté.
L'enfant devient l'otage de son parent-manipulateur. Il est enlevé à l'amour et à la présence de son autre parent, il est parachuté dans un autre lieu de vie, dans une autre école, une autre amille, parfois la langue parlée est différente, et l'enfant doit s'adapter très rapidement à tous ces changements s'il veut survivre.
L'ancienne existence est bannie, le nom de l'autre parent ne doit même plus être prononcé par l'enfant.
Il est dans l'obligation de se couper de cette partie intrinsèque de lui même, qu'est cet autre parent.
Pour parfaire et accréditer son acte ignominieux, le parent-manipulateur va déformer la réalité des faits, ainsi l'enfant n'a pas été kidnappé, c'est l'autre parent qui a choisit de ne pas suivre la famille dans ce nouveau lieu de vie.
Pour se justifier, le parent-manipulateur n'hésitera pas à insister sur l'égoïsme, l'immaturité de l'autre parent qui abandonne son enfant, il ira même jusqu'à parler de la trahison de ce parent qualifié d'irresponsable.
L'enfant est minutieusement contrôlé par le parent-manipulateur qui lui dicte sa conduite, lui rappelant au passage combien l'autre parent l'a fait souffrir, sous entendant par ce biais, qu'une alliance entre l'enfant et cet autre parent "indigne" serait vécue comme une mise à mort de son parent-manipulateur dont l'enfant porterait ad vitam aeternam le poids et la responsabilité!
Ecartelé entre l'amour et la confiance qu'il ressent pour ces deux parents, l'enfant ne peut que choisir de protéger celui qui se dit être la victime de l'autre. L'enfant, prisonnier de cet étau psychologique, se retrouve très vite dans une profonde insécurité, n'ayant accès au seul avis et à la seule présence du parent-manipulateur, il acceptera, consciemment, de rejeter l'autre parent, qui lui est présenté comme étant dangereux et indigne d'être parent, comme si une loyauté familiale inconsciente l'obligeait à prendre ce positionnement de défenseur de celui qui se dit "victime" alors qu'en fait, il est l'instigateur de ce conflit.
L'enfant va mettre en place une éviction de tout contact avec ce parent déchu, d'une part, pour ce qu'il croit être sa protection, mais aussi pour son confort psychologique, car lorsque l'enfant est en lien avec ce parent rejeté, le parent-manipulateur est en "mode panique" et harcèle l'enfant de questions, d'affirmations et de fausses allégations pour s'assurer que le parent rejeté l'est toujours dans le coeur de l'enfant.
C'est pourquoi il refusera parfois de le rencontrer ou de répondre à ses appels téléphoniques, de peur qu'entendre le son de cette voix aimée ne lui ramène les souvenirs enfouis dans son inconscient.
Il peut aussi faire le choix de ne lui adresser la parole que pour reprendre à son compte les paroles et les jugements acerbes du parent-manipulateur.
Sans se rendre compte qu'il est outrageusement manipulé et que son parent soit disant en détresse, est en fait le parent destructeur, et que les faits reprochés à l'autre parent, ont été organisés par lui même.
Le scénario pervers de cette manipulation est souvent tellement bien orchestré que le parent-manipulateur se met à croire lui même à la vérité qu'il a fabriquée de toutes pièces.
L'enfant subit une véritable guerre psychologique!
Il en va de son équilibre psychologique d'enfant et de futur adulte.
Dans un premier temps, si cet enfant veut survivre à ce "cataclysme émotionnel" il doit s'adapter au parent-manipulateur, aller dans son sens pour éviter tout éventuel débordement de violence verbale et/ou physique, et retrouver une forme de pseudo équilibre aux côtés de ce parent-manipulateur, en proie à une pathologie de psychose paranoïde.
Le maître mot est d'attendre que la crise se calme, et pour se faire, hormis une prise en charge thérapeutique, qui s'avère obligatoire, il est nécessaire que tout ce qui touche l'objet libidinal provoquant la crise (dans ce cas particulier, l'autre parent) soit tenu à distance du parent-manipulateur.
Il s'agit, en effet, d'une psychose chronique, caractérisée par un délire généralement bien construit, s'accompagnant de troubles du jugement et de la perception, mais aucune détérioration intellectuelle ni atteintes des fonctions instrumentales, d'où le fait que le parent-manipulateur puisse convaincre nombre de personnes (et sans doute lui même !!!) du bien fondé de ses actes.
Le parent-manipulateur se fait passer pour la victime de l'autre parent pour que l'enfant ait pitié de lui et prenne sa défense.
Nous retrouvons dans le comportement du parent-manipulateur, plusieurs formes de délires.
Le délire le plus couramment responsable de ce comportement pathologique, est celui de jalousie amoureuse morbide et injustifiée.
En effet, les accès de paranoïa aigue sont parfois l'expression d'une tendance inconsciente à l'homosexualité (penchant refoulé car souvent sévèrement condamné dans le milieu éducatif et/ou familial du sujet).
Ce délire est alors utilisé, inconsciemment, comme un moyen d'assurer la cohésion du "moi", le parent-manipulateur rebâtit son univers au travers d'une fausse réalité qui n'appartient qu'à lui, il le module selon ses critères personnels, pour apparaitre comme étant la victime impuissante de l'autre parent.
Le pire constat est de prendre conscience que ces enfants "formatés" sont amenés à commettre un véritable parricide psychologique, instrumentalisés par un parent-manipulateur, comme des enfants soldats pour commettre le meurtre symbolique de l'autre parent.
Ce comportement parental est un véritable acte irresponsable et irrespectueux de l'équilibre et du devenir de l'enfant.
Un acte délinquant, volontairement perpétré, doublé d'une attitude pathologique, démontrée aujourd'hui par les analyses psychologiques.
Il faudra parfois de nombreuses années et l'éloignement physique du parent-manipulateur, pour que l'enfant, devenu adulte, et parfois, parent lui même, accepte de revoir son histoire et prendre le risque d'ébranler la bases de sa structure.
Il lui faudra alors beaucoup de courage et de force pour dépasser les interdits de son enfance, pour reprendre contact avec son parent jugé "indigne" et découvrir qu'il a été trompé, manipulé,abusé et que le parent-manipulateur a osé se servir de sa fragilité et de son innocence de petit enfant, pour le transformer en objet de vengeance personnelle, sans aucun scrupule ni respect pour son Etre.
Le but de cette prise de conscience n'est, en aucun cas, de passer d'une condamnation d'un parent à un autre parent.
Ce qui a tét fait ne pourra pas être effacé de la mémoire de chacun des protagonistes de cette histoire.
Chacun porte les stigmates des blessures émotionnelles et égotiques, occasionnés par cet acte de barbarie.
Les larmes et les pleurs de chacun ont été versés, les moments de partage des années enfantines avec le parent rejeté, sont et resteront perdus à tout jamais, le mal accompli a été finalisé.
Mais il est toujours temps d'annuler l'anathème posé sur le parent rejeté, de choisir délibérément d'aller à sa rencontre pour mieux se retrouver Soi, dans cet Autre, porteur du même ADN et vecteur originel de cette Incarnation présente.
Il est essentiel pour le parent rejeté d'oser dire son amour à ses enfants, au risque d'être blessé à nouveau, et de clamer sa vérité, son vécu, ses ressentis, dans la compréhension, l'écoute et le respect de chacun.
Il est essentiel pour l'enfant manipulé devenu adulte, d'acquérir grâce au positionnement de ses choix, la liberté, la lucidité et la maturité qui lui seront nécessaires pour guérir de ses blessures d'enfant, ce qui lui permettra de reprendre possession de sa vie et de son Etre, pour construire son avenir d'adulte et de parent, sur des bases saines, honnêtes et justes.
C'est à ce prix que la guérison affective peut s'installer dans le coeur de l'enfant, mais plus encore, c'est aussi la condition sine qua none pour que ce "secret de famille" ne soit pas transmis dans les générations futures, dans l'espoir et l'attente du moment où un de ces descendants d'enfants manipulés casse le processus transgénérationnel et guérisse enfin la lignée.
(Annie S* Belliot - copyright mai 2012)